jeudi 18 février 2010

Course au visa et autres coups d'gueule

Ca y'est, je l'ai, ce fameux visa pour l'Inde! Après un week-end passé à Phnom Penh pour rien, puis une semaine d'attente à Bangkok, j'ai-mon-visa! Victoire!
Mais si j'écris aujourd'hui, ce n'est pas pour raconter mes petits soucis, enfin si, d'une certaine manière. J'ai besoin de me décharger, de vous faire part de cette autre réalité du voyage, celle qui pue.

J'ai peur.
A Bangkok, alors que je devais attendre plusieurs heures avant que l'Ambassade d'Inde ouvre, j'ai eu une idée. Pour me préparer à l'Inde, je suis volontairement allée dans un endroit de la ville que je sais particulièrement pauvre, avec le défi de ne rien donner aux gens qui mendient. Pourquoi? Parce qu'à chaque fois que je vais m'acheter un petit pain, un lait de soja ou je ne sais quoi d'autre, je bois une gorgée ou croque une fois dedans et finis par le donner à un mendiant. Si je n'ai rien à manger, je vais même parfois en acheter exprès. Cette attitude ne va pas être gérable en Inde, je le sais, on me le dit tellement.
Mais comment faire? Parce que quand tu vois un bébé rachitique, un vieil homme aveugle, une femme sans jambes ou un mec avec des bras en plastique, c'est dur de rester impassible, en sachant pertinemment que d'aide sociale, il n'y en a pas. Je ne vais pas tenir en Inde, avec la pauvreté énorme de ce pays. Alors je me suis construit mon défi: marcher au milieu de la pauvreté, ne rien donner d'autre qu'un sourire et regarder, bien en face. Pour voir si j'en suis capable.
Alors j'ai vu. Ce mec de mon âge accroupi sur un trottoir qui grattait la terre autour des arbres, pleine de pisse et de merde de chien, pour trouver des vers, certainement son repas du soir. Cette dame, en sarong, qui profitait d'une bouche incendie cassée pour se laver, dans une eau jaunâtre et malodorante. Les rats qui se balladent au milieu des ordures à côté de ces gamins, maigres, sales, affalés à même le sol. Ces copines, qui s'épouillent les cheveux.
Et j'ai senti. La pisse, le vomi, la merde, les poubelles, la pourriture, la crasse, la pollution, des odeurs inommables...
Je m'arrête là.
C'est quoi la bonne attitude face à tout ça?
Ce que j'en retire et vous allez me dire que c'est bien bateau comme sentiment, c'est pourtant que le soir, je me sentais bien con devant mon plat de Pad thai qui était bien trop conséquent pour que je puisse le finir...

1 commentaire:

Oldtoubib a dit…

C'est extrêmement difficile d'intervenir efficacement et concrètement lorsqu'on habite à des milliers de km de cette pauvreté.
Peut-être pourras-tu, plus tard, sortir un ou deux de ces gosses de la misère et les adopter, en plus de tes futurs enfants biologiques ?
Merci pour tous tes commentaires empreints d'une grande sensibilité.
Oldtoubib